Définition de TARSO-MTATARSIEN, IENNE,
Prononciation : fâ-ché
DÉFINITIONS
1
Exciter un déplaisir permanent, indisposer fortement. Il ne faut fâcher personne..... Si vous me fâchiez, j'ajouterais peut-être....
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 3
Affable à tous avec dignité, elle savait estimer les uns sans fâcher les autres ; et, quoique le mérite fût distingué, la faiblesse ne se sentait pas dédaignée
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Sémantique : Familièrement. Soit dit sans vous fâcher, sorte d'excuse dont on se sert quand on veut faire entendre à quelqu'un que, si on lui dit quelque chose de peu flatteur, ce n'est pas pour le fâcher.
2
Causer du déplaisir, de la peine. Votre refus l'a fâché.Les enfants n'ont l'âme occupée Que du continuel souci Qu'on ne fâche pas leur poupée
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 6
Il est vrai qu'il me fâcherait s'il parlait ; mais il serait à propos qu'il me fâchât
Il prend aussi pour sujet un nom de chose.
Une chose me fâche, c'est que le chevalier Folard, que je cite dans cette histoire, vient de devenir fou ; il a des convulsions au tombeau de saint Pâris
3
Dans le style élevé, causer de la douleur, de l'indignation.Te dirai-je un penser indigne, bas et lâche ; Je l'étouffe, il renaît, il me flatte et me fâche
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 5
Des dieux qu'a pu fâcher sa vertu trop sévère
de Pierre CORNEILLE dans Hor. v, 3
Son retour me fâchait plus que son hyménée
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. II, 2
Nicomède, en deux mots, ce désordre me fâche
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 3
Pour moi, je l'avoûrai, sa trahison me fâche
de Thomas CORNEILLE dans Ariane, v, 2
Quoique j'attendisse il y a longtemps la nouvelle que vous m'avez mandée [la mort de Mme de Fontanges], elle n'a pas laissé de me surprendre et de me fâcher
de LOUIS XIV dans dans Extr. de la corresp. de la fam. de Noailles (GODEFROY, Lex. de Corneille).
Sémantique : Fig.
Que faites-vous pour eux [les innocents tués par Hérode], si vous les regrettez ? Vous fâchez leur repos, et vous rendez coupables Ou de n'estimer pas leurs trépas honorables, Ou de porter envie à leurs félicités
de François de MALHERBE dans I, 4
4
Fâcher, s'emploie impersonnellement avec à, et signifie il est pénible à.Il me fâche, et j'ai dépit que notre Démosthène ait été de ces gens-là
Il leur fâche d'avoir admiré sérieusement des ouvrages que mes satires exposent à la risée de tout le monde
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. sur la satire.
Il te fâche en ces lieux d'abandonner ta proie
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Avec ce surcroît de princes vrais et faux dont son fils [à Mme d'Espinoy] était environné de si près, bien leur fâchait de ne l'être pas aussi
Les courtisans enlèvent du produit de nos champs le plus clair, le plus net, dont bien fâche audit seigneur roi
de Paul Louis COURIER dans I, 326
Avec que et le subjonctif. Il leur fâchait qu'il en fût ainsi.
On trouve aussi l'indicatif.
Il leur fâchait qu'il ne déclarait pas sa toute-puissance
On lit dans J. J. Rousseau cette phrase : Les Ximenès et les Voltaire peuvent critiquer la Julie [la Nouvelle Héloïse] à leur aise ; ce n'est pas à eux qu'elle est curieuse de plaire ; et tout ce qui fâche à l'éditeur de leurs critiques, c'est qu'ils les fassent de si loin, Lett. à Mme de Luxemb. 1766, t. XIX, p. 185, édit. 1824. Cette phrase est incorrecte ; c'est fâcher impersonnel qu'il faut ici.
5
Se fâcher, Nature : v. réfl. Prendre de l'humeur, témoigner un vif mécontentement.Par adresse il se fâche, après s'être assuré
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 1
Je ne me fâche jamais que l'on m'écrive
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. 16
Mme de Maintenon, charmée du roi, ne pouvait se fâcher de rien
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. I, p. 204, dans POUGENS
6
S'affliger.Ne vous fâchez point tant, ma très chère madame
S'irriter.
Sémantique : Par extension.
Votre sang est trop bon, n'en craignez rien de lâche, Rien dont la fermeté de ces grands coeurs se fâche
de Pierre CORNEILLE dans Hor. II, 6
Il [Claude] régna toutefois, bien qu il se fît haïr, Jusqu'à ce que Néron se fâcha d'obéir
de Pierre CORNEILLE dans Othon, III, 5
Tu charmais trop ma peine ; et le ciel qui se fâche Me vend déjà bien cher ce moment de relâche
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 1
7
Se brouiller. Se mettre mal avec quelqu'un. Ils se sont fâchés sans motif.SYNONYME
1
FÂCHER, METTRE EN COLÈRE. Mettre en colère, c'est exciter un accès de colère qui peut ne laisser aucune trace après soi ; au contraire, ce qui fâche laisse des traces qui durent, une impression lente à s'effacer.HISTORIQUE
1
XIVe s.La femme et le suppliant se facherent
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans Sangulatus.
2
XVIe s.Il vous dira verité de plusieurs chouses dont je crains par lectre vous ennuyer, saichant bien les affaires que vous avez, qui ne sont pour estre faschés de petites chouses
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Lett. CXIX.
Il nous fasche qu'ils nous marchent sur les talons
de Michel de MONTAIGNE dans II, 71
Son valet estant surchargé d'argent, il luy ordonna qu'il versast là ce qui luy faschoit
de Michel de MONTAIGNE dans II, 124
L'estre mort ne les fasche point, mais oui bien le mourir
de Michel de MONTAIGNE dans II, 385
Je me desrobbe aux occasions de me fascher
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 71
Les plus ambitieux d'entre les Spartiates commenceoient à se fascher de luy pour l'envie qu'ilz luy portoient
de Jacques AMYOT dans Alc. 46
Je ne le cognois point, mais il me fasche de l'ouir ainsi partout appeler le juste
de Jacques AMYOT dans Arist. 20
Je luy ay trouvé un mary, qui ne sera pas mal à propos pour elle, si d'adventure l'aage ne luy fasche
de Jacques AMYOT dans Caton, 50
ÉTYMOLOGIE
1
Prov. fastigar, dégoûter, qui a donné fascher, comme masticare a donné mascher. Fastigar vient de fastic, fastig, qui représente le latin fastidium, dégoût, ennui (voy. FASTIDIEUX). Cette étymologie, donnée par Diez. paraît tout à fait véritable. Cependant il est étonnant que fâcher qui, s'il vient de fastigar, est certainement un mot ancien, ne se trouve pas dans les vieux textes ; mais, à cela, une lecture plus étendue peut remédier en le fournissant.